Les 17 étaient là. Quelques jours après leur retour en France, la ville d’Issy-les-Moulineaux a rendu hommage au détachement du Corps mondial de secours (CMS), une association de bénévoles spécialistes du sauvetage lors de catastrophes naturelles, basée dans la ville. Le 19 janvier dernier, les sauveteurs dépêchés en Haïti ont extrait une fillette de 23 jours des restes de sa maison, à Jacmel, une petite ville située à une quarantaine de kilomètres de l’épicentre.
L’un des acteurs et non le moindre de ce sauvetage miraculeux, une semaine jour pour jour après le drame, n’est autre que Dusty, un bouillonnant berger belge de 2 ans.
Hier, les visages étaient graves, les regards embués par le souvenir des dix jours passés en enfer. « Beaucoup de choses se bousculent dans nos têtes. Toutes les émotions contenues là-bas reviennent à la surface. Il faut un temps de réadaptation », lâche Jean-Claude Cantin,
président du CMS et chef du dispositif. Le 16 janvier, c’est une équipe composée de pros des situations extrêmes pompier, médecin, policier, charpentier dans le civil qui s’envole d’Orly avec plusieurs tonnes de matériel. Deux jours plus tard, ils sont à pied d’oeuvre. Leur mission : chercher les victimes sous les décombres et monter des postes médicaux avancés. En quelques heures, une centaine de survivants y seront soignés. Cornaqué par Xavier Pain, le maître-chien, Dusty est de quasiment toutes les sorties. « Il est dressé à repérer les odeurs humaines, que la personne soit vivante ou pas. C’est un coéquipier à part entière », résume Xavier. Le 19, l’inespéré se produit. « On a entendu un cri venant de sous des gravats, se souvient Claire. Là, il y avait Elizabeth, 23 jours, en assez bonne
santé. En plus, elle n’était pas orpheline. Sa mère aussi avait survécu. »
Au fil des jours, les opérations se multiplient. Les autres découvertes ne seront pas aussi joyeuses. « On a mis au jour ce qui se trouvait dans les maisons, ce qui constituait la vie des gens. On a aussi été marqués par la photo en noir et blanc d’une famille… A chaque coup de pelle ou de pioche, on redoutait de tomber sur un corps, de voir un visage », poursuit Claire. Dans la salle de l’hôtel de ville d’Issy, le reste de l’équipe acquiesce en silence. Haïti était la 51
e mission du Corps mondial de secours.